Le syndrome de l'imposteur, est un phénomène psychologique très courant qui peut affecter de nombreux individus, y compris les chefs de projet.
Ce syndrome se caractérise par une peur persistante d'être exposé comme un imposteur, malgré des preuves tangibles de compétence et de réussite.
Les chefs de projet, chargés de mener des équipes et de gérer des projets complexes, ne sont pas épargnés par ce sentiment d'insécurité et de doute.
Alors, qu’est-ce que c’est que ce syndrome qui guette les 2/3 d’entre nous dans nos carrières professionnelles et en matière de gestion de projet ?
Comment cette impression de ne pas être à la hauteur s’installe-t-elle ? Avec quelles expressions ? Et comment faire pour y faire face et s’en libérer ?
Ce sont les questions essentielles auxquelles cet article va répondre.
Syndrome de l’imposteur, c’est quoi au juste ?
Intitulé aussi syndrome de l’autodidacte ou expérience de l’imposture, se traduit essentiellement par un état de doute quasi-pathologique à l’égard de soi-même, de ses facultés et de ses capacités.
Dans la vie active et à fortiori en gestion de projet, il arrive souvent que des personnes soient submergées d’un sentiment de doute irrationnel vis-à-vis d’un authentique exploit professionnel accompli ou d’un véritable succès contracté au travail.
Quand ces doutes deviennent répétitifs voire des fois obsessionnels, il s’agit selon toute vraisemblance du syndrome de l’imposture.
Ainsi, un chef de projet qui vit le syndrome de l'imposteur qui travaille en mode projet n'arrive pas à comprendre comment il/elle a réussi un projet, une mission ou une activité.
Il/elle a l'impression que le succès qui lui est attribué n'est que pur hasard ou chance.
Un manque flagrant de confiance en soi et en ses aptitudes est ressenti sans cesse par l’individu qui en pâtit.
D’un autre côté, le chef de projet frappé par ce trouble, se voit comme un vrai trompeur de son entourage.
Par conséquent, il se retrouve tout à fait tenaillé par une sensation de peur d’être dévoilé par ses compères.
Voilà pourquoi, les personnes affectées par le syndrome de l'imposteur se surpassent au travail afin de se persuader que leurs exploits sont aussi raisonnables que légitimes.
Au cas où ce tracas émotionnel persiste, il se transforme en une sorte d’obsession qui peut prendre la mauvaise tournure d’un sérieux état d’anxiété voire d’une dépression manifeste.
L’expérience d’imposture peut prendre différents aspects comportementaux qui doivent retenir notre attention dans le but d’être disposé à y faire face, si c’est confirmé.
Comment ce syndrome peut-il se manifester ?
Le syndrome de l'imposteur chez le chef de projet peut se manifester de différentes manières :
1) Acharnement au travail
Pour le chef de projet affecté par ce mal, il s’agit d’une ardeur tenace et d’un enthousiasme persistant dont il fait montre dans toute décision, tâche ou activité inhérentes au projet auquel il s’attèle.
En fait, il travaille dur comme fer en se mettant sans relâche dans tout ce qu’il entreprend par crainte d’être étiqueté de tricheur ou de voleur de vedettariat.
2) Ferme conviction d’être un dupeur-né
Le chef de projet, touché par cette affection, présume délibérément qu’il est un véritable trompeur de ses collègues, supérieurs et clients, et qu’il camoufle comme il faut son authentique personnalité.
Par ailleurs, il cherche à exprimer préférablement ce que les parties prenantes au projet désirent entendre et non ce qu’il veut lui-même leur déclarer.
3) Recherche avérée d’éloges et de reconnaissance
La personne atteinte du syndrome de l'imposteur manifeste clairement une allure subtile, fine voire séductrice face à sa hiérarchie et sa clientèle dans l’optique d’être considérée en tant que chef de projet-vedette détenteur de tête d’affiche.
En agissant de la sorte, le chef de projet s’attend à ce que les différents acteurs du projet puissent valoriser les initiatives, résolutions et actions dont il a la charge dans le but de conquérir une bonne dose de confiance en lui-même et en ses compétences.
Paradoxalement, une fois l’expertise en question se retrouve reconnue, une attitude de faible estime de soi et de remise en cause de ses aptitudes réapparait chez le chef de projet saisi par ce trouble.
Cela, parce qu’il croit à tort que la gratitude obtenue résulte plutôt de son rôle d’acteur bien endossé et non pas de ses propres compétences.
4) Modestie démesurée par rapport au succès réalisé
Face aux exploits accomplis, le chef de projet soi-disant « imposteur », fait preuve d’une attitude de modestie indéniable.
Ce qui lui permet d’éviter toute situation de confrontation ou de mise à l’épreuve de la validité de ses performances.
5) Procrastination excessive
Une véritable tendance à la procrastination, des fois exagérée et déraisonnable, qualifie le comportement des chefs de projet atteints par ce syndrome.
Exemple :
Le chef de projet vient d'être attribué à un nouveau projet.
Cependant, en phase de lancement du projet, il fait preuve de réticence à se lancer immédiatement dans les tâches qui lui incombent.
Il parvient à trouver une multitude d'excuses pour retarder l’agenda de son projet.
D'autre part, plusieurs causes peuvent déclencher l'émergence du complexe de l'autodidacte chez les chefs de projet.
Ces causes peuvent être liées à la pression du client, à la complexité du projet, à l'incertitude ou à la peur de l'échec, entre autres.
Ces sentiments peuvent être amplifiés en mode projet, surtout lorsque le chef de projet est un consultant qui peut ressentir une pression supplémentaire pour prouver sa valeur et ses compétences.
D’où vient le phénomène de l’imposture ?
Nombreuses sont les sources qui sont à l’origine du syndrome de l'imposteur. Nous vous en citons quelques-unes des plus documentées :
1) Concept de l’individualisme
Dans nos sociétés contemporaines, l’individualisme est fortement prisé en tant que valeur inestimable à convoiter et à prendre à partie.
Il s’en suit, l’ancrage dans nos esprits d’un phénomène de compétition, de désir de faire-mieux que les autres et de course effrénée vers des niveaux élevés de performance.
Ainsi, une fausse norme sociale s’installe comme conviction indéniable : Pour contracter la joie, le bonheur et la prospérité, il faut être le n°1, le plus nanti, le meilleur de sa classe, de son groupe, de sa société et pourquoi pas le meilleur du monde entier.
Cette ligne directrice impacte la pensée et le comportement des personnes qui commencent à croire qu’il leur faut disposer d’un nombre incroyable de compétences afin d’être estimé et valorisé par soi-même et par autrui.
2) Impact du système éducatif
Dès la petite enfance, les parents, l'école et l'entourage, y compris les réseaux sociaux qui occupent une place prépondérante à notre époque, insistent constamment sur l'importance de certaines situations socio-économiques, de certains métiers et de quelques positions socioprofessionnelles.
En fait, il s’agit là d’une forte pression qui imprègne à jamais les cerveaux des enfants et dont l’incidence est désastreuse quand le métier, situation ou position de rêve n’est pas réalisé à l’âge adulte.
Selon certains spécialistes de la psychologie du travail, quand l’élève recueillit 2 avis opposés, l’un étant favorable et l’autre défavorable, vis-à-vis de son travail en classe, l’élève aura tendance à valider et à garder rien que le mauvais avis à son égard.
3) Culture de l’échec
Malheureusement, nos sociétés actuelles condamnent fermement l’échec que ça soit au bas âge ou à l’âge adulte.
Loin d’en faire un levier d’apprentissage et d’amélioration, nos parents, nos maitres et notre entourage voient encore du mauvais œil les situations de dysfonctionnement aussi bien à l’école, qu’en entreprise ou, à plus forte raison, en gestion de projet.
"C’est dur de mourir au printemps" disait Jacques Brel, le fameux parolier et chanteur Belge.
Oui, c’est vrai, c’est dur de tout abandonner alors qu’on est au top de ses performances et réalisations. Il suffit simplement d’enlever les mauvaises herbes des alentours de la petite plante, qu’on a ensemencée, un peu plus tôt.
Par ailleurs, il faut peut-être revoir sa manière de prise en charge, arroser différemment son végétal, l’entretenir autrement… Et le sort en sera bien meilleur !
4) Système de pensée
Lorsque nous sommes exposés à des idées négatives puissantes ou convaincantes, il est possible de se sentir prêt à les adopter, même si elles ne correspondent pas à qui nous sommes vraiment.
Cela pourra engendrer :
- Un manque de confiance en soi
- Une image négative véhiculée de sa propre personne
- Une éventuelle sous-estimation de son potentiel et capacités
- Une surestimation de la tâche à accomplir ou de la responsabilité à assumer
D’où la nécessité de revoir son propre système de croyances et de prendre garde face à ses pensées négatives pouvant être à la fois limitantes et inhibitrices.
5) Préjugés sociétaux
Certaines idées préconçues en lien avec le genre, la race et le pays d’origine préconisant à tort la supériorité des uns par rapport aux autres, en termes d’intelligence, d’aptitudes et de capacités.
Il faut bien s’en méfier car ça n’a jamais été prouvé et ça ne relève que de la spéculation littérale ou de l’imaginaire social de certaines populations.
6) La peur est au cœur du trouble
La peur répétitive éprouvée devant toute situation qui nous challenge peut-être à l’origine du mal-être ressenti.
D’un autre côté, elle peut très bien alimenter en continu le syndrome d’imposteur, une fois établi.
Ainsi, la crainte de se leurrer, la peur d’être mis à l’œil, d’être évalué, de désenchanter soi-même ou son entourage, la trouille d’échouer…déclenchent le complexe et le nourrissent, si persistance il y a.
7) Jugement d'autrui
"Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ?"
Enfants ou adultes, en matière de jugement et d’évaluation par nos compères, supérieurs ou confrères, le pointeur se fige souvent sur ce qui n’a pas marché et omet, en de nombreux cas, ce qui a bien fonctionné.
Chose qui diminue amplement l’image positive de soi, la bonne estime de soi et le potentiel d’accomplissement, quasi-présent, chez tout être humain, quel qu’il soit.
Quel gâchis !
8) Domination de l'intelligence logico-linguistique
En règle générale, la société et l’école encadrent les individus autour d’une seule et unique intelligence, l’intelligence logico-linguistique mesurable grâce au quotient intellectuel (QI).
Les recherches d’Howard Gardner, (psychologue du développement américain, professeur de sciences de l’éducation à l'université Harvard et professeur de neurosciences à l’Université de Boston), ont montré qu’il y a au moins 8 sortes d’intelligences qu’on doit détecter et mesurer chez les êtres humains.
Et donc, si maintenant un individu présente un QI de niveau moyen ou bas ; ce n’est nullement la fin du monde, puisqu’il se peut qu’il dispose d’un quotient social élevé (QS : intelligence sociale) ou un QK impressionnant (QK : intelligence kinesthésique : athlète, sportif.) …ou bien d’autres quotients d’intelligence !
Cela signifie que chaque être humain est en possession d’une quelconque intelligence spécifique que les parents, l’école, les orientateurs ou coachs sont appelés à débusquer afin de mieux le guider vers le débouché professionnel, le plus convenable à son propre talent.
Moralité :
Primo, cessons de nous sous-évaluer. Et en parallèle, mettons un bon terme à notre fâcheuse manière de sous-estimer le potentiel de nos enfants, salariés et compères.
Les stratégies de défense de l’imposteur
Comme dit un peu plus haut, la personne souffrante du syndrome de l'imposteur, tout comme un authentique marketer, parvient à développer des stratégies de défense afin de camoufler le soi-disant sentiment d’arnaque qui le hante.
1) Approche d’overdoing
L'imposteur se démène complètement dans ses tâches, déploie énormément d’efforts et s’investit corps et âme dans ses projets. Ainsi quand il y a le succès, il va l’adjuger à la charge de travail consentie et non à ses propres aptitudes, ni à ses véritables compétences.
Alors là, une tendance au perfectionnisme dans les activités peut se manifester chez le chef de produit, atteint par ce malaise, traduisant une sorte de réponse à un ressenti d’insuffisance. A ce moment, le danger c’est le risque de survenue d’un état de stress excessif qui peut encore se compliquer en burn-out.
Exemple :
Un chef de projet qui souffre du syndrome de l’imposteur, peut s'engager à réaliser un nombre excessif de tâches et à prendre en charge un grand nombre de projets, même au détriment de sa santé et de son équilibre personnel.
Un autre exemple peut être de chercher à accumuler des accréditations professionnelles, souvent au-delà de ce qui est réellement nécessaire pour son rôle, afin de se rassurer et de se sentir plus compétent.
2) Approche d’underdoing
Il s’agit pour l’imposteur de mobiliser le minimum d’efforts possibles par rapport à la mission ou au projet dans l’optique de tout faire foirer, de manière intentionnelle. Du coup, l’échec est recherché afin de se faire persuader que les réussites antérieures, et actuelles si tel est le constat, étaient dues à la bonne étoile ou à un bon concours de circonstances.
Là aussi, le phénomène de procrastination peut voir le jour signifiant un comportement d’adaptation au ressenti d’insuffisance et de faible estime de soi vécu par le chef de projet.
Exemple 1 :
Le chef de projet peut éviter les rôles de leadership ou les responsabilités importantes, se sentant inadéquat pour assumer ces fonctions. Il peut refuser de prendre des décisions cruciales ou de diriger des réunions, préférant rester en retrait.
Exemple 2 :
Le chef de projet qui fait perdurer le plus longtemps possible le projet, bien au-delà des deadlines prévus, et sans motif convenable.
Qu’importe la stratégie, overdoing ou underdoing, perfectionnisme ou procrastination, le phénomène d’imposture ne fait que s’intensifier ou se maintenir alimentant une espèce de cercle vicieux qui s’installe et se grave dans la perception et la pensée du chef de projet.
Le cercle de l'imposteur
Il s'agit d'un schéma psychologique de pensées et de comportements qui perpétue le sentiment d'imposture chez une personne.
Il se produit lorsque cette personne accomplit une réalisation notable, et reçoit une reconnaissance externe. Mais dissimule ensuite ce succès en raison d'une image négative de soi. Ce phénomène est souvent lié à une faible estime de soi, ce qui se manifeste par une recherche excessive ou insuffisante de mise en valeur de soi à travers des stratégies de défense, alimentant ainsi le trouble de l'imposteur.
D’un autre côté, les experts, et à leur tête la Dr. Valerie Young, experte sur le sujet, ont recensé divers modèles d’expression du complexe de l’imposteur.
Les typologies du trouble d’imposture
5 différents types de troubles d’imposture ont été décrits et référencés par les psychologues du travail :
1) Imposteur perfectionniste
Chez le chef de projet, le plafond des espérances est établi à un niveau très hautement situé. L’ambition majeure de ce profil perfectionniste est d’accomplir zéro erreur.
Le tout petit écart affiché à l’égard des objectifs liés au projet incite ces gens-là à revoir leurs stratégies et à mettre en cause leurs habilités et compétences. Et même quand le succès est ovationné, le doute quant au mérite persiste dans l’esprit du chef de projet.
Exemple :
Le chef de projet accordant le mérite du succès de son projet à un simple coup de chance ou au contexte externe déjà purement favorable à ce type de projet.
2) Imposteur expert
Ce type de chef de projet « imposteur » est continuellement à l’affut de toute information concernant l’activité à mener ou le projet à élaborer.
On le voit souvent à la recherche d’un supplément de formation sur le sujet à traiter et manifeste communément un comportement d’hésitation quand il s’agit d’une demande d’éclaircissements ou d’une prise de parole lors des réunions avec l’équipe ou les parties prenantes du projet.
Et ce, par crainte d’être pointé de ridicule parce qu’il présume avoir encore de petites lacunes sur la thématique en question. En fait, Ces types de personnes supposent que s’ils ne maitrisent pas tout, c’est qu’ils ne savent encore rien.
D’ailleurs, à la moindre erreur, ils vont culpabiliser et minimiser leurs capacités et compétences.
Exemple :
De l’avis de ses collègues et supérieurs, Michèle est l’exemple de chef de projet qui réussit tout ce qu’elle entreprend. Néanmoins, en début de chaque projet qu’on lui octroie, on la voit assister à des formations dont le sujet est pratiquement maitrisé par elle.
Par ailleurs, quand on lui demande de faire une présentation sur l’avancement du projet, on constate qu’elle hésite à le faire prétextant qu’elle a encore un agenda bien rempli et qu’on doit planifier son intervention pour une date ultérieure.
En outre, devant toute erreur, aussi petite qu’elle soit, elle se met rapidement en colère et fait des répliques dans ce genre : "Que m’est-il arrivé ? Où est-ce que j’avais la tête ? C’est incroyable ce qui se passe ici ! "
3) Imposteur solitaire
Cette catégorie d’imposteurs esquive, tant que faire se peut, le travail en équipe. En fait, dans ces cas, le chef de projet privilégie ardemment le travail en solo. Et quand il a à demander un quelconque soutien d’autrui, il ressent cela comme un aspect clair d’échec, d’incapacité ou d’imposture.
Exemple :
Jacques, ayant bien fait aboutir un bon nombre de projets dont il a eu la charge, présente la mauvaise manie de ne pas faire participer les membres de son équipe à toutes les étapes du projet.
Très peu de réunions d’équipe qui sont planifiées et même quand c’est le cas, il est rare où il demande l’avis de ses coéquipiers par rapport à certains challenges ou problèmes qui s’interposent lors de l’évolution du projet.
4) Imposteur se fiant à son « génie naturel »
Ces personnes comptent énormément sur leurs propres capacités innées et acquises. Elles ont tendance à faire appel à leurs connaissances et compétences appropriées en vue de gérer toute situation de challenge. Et quand elles confrontent une difficulté et n’arrivent pas à la contourner, elles alimentent et renforcent leurs ressentis d’imposteurs et tricheurs.
Exemple :
Anne-Marie est l’exemple de chef de projet « qui sait tout ». Bien des fois, on entend ce genre de répliques, venant de sa part, lors de ses réunions : " Ça, c’est connu ! oui, c’est bien cela ! C’est évident ! ".
D’un autre côté, elle délègue très rarement certaines de ses responsabilités, même quand elle travaille à la fois sur plusieurs projets.
5) Imposteur surhomme ou super-femme
Ces bonhommes triment fort dans tout ce qu’ils entreprennent, dépassant autrui en termes de charge de travail et se surpassent cherchant à se persuader qu’ils ne sont nullement des arnaqueurs ou voleurs de vedettariat. Et quand ils essuient un échec potentiel, ils sont rapidement atteints de stress, d’anxiété pouvant dégénérer en burnout ou en état de dépression manifeste.
Exemple :
Mireille, chef de projet depuis 10 ans, est la première à arriver et la dernière à quitter le lieu du travail. Ce qui est étrange, quand on la sollicite pour un rendez-vous de travail ou une réunion, on s’attend souvent à ce qu’elle va dire qu’elle est occupée et qu’elle n’a pas assez de temps pour cela.
Et c’est le cas car elle n’arrête de travailler que pour aller prendre rapidement un petit sandwich ou une tasse de café. Et même quand il est question d’une situation urgente et importante, elle n’accorde que quelques petites minutes pour en discuter.
Maintenant, abordons les mesures correctives à adopter face à ce trouble.
Comment se libérer de l’emprise de l’imposture ?
De multiples stratégies gagnantes sont suggérées face au ressenti d’imposture vécu en entreprise ou en gestion de projet. Nous vous invoquons ci-après les plus efficaces d’entre elles :
1) Etre bienveillant envers soi-même
Apprendre à changer de regard à l’égard de soi-même en évitant la ruée aussi simpliste que facile vers la dévalorisation de soi.
Notre entité humaine est beaucoup plus ample, vaste et énorme par rapport à ce qu’on peut supposer. L’être humain reste une créature extraordinaire dotée d’un excellent dispositif de pensée qui n’est autre que le cerveau. Lequel cerveau offre à la personne des possibilités illimitées d’épanouissement, de facultés et de potentialités.
La réalité humaine, reflétant toute la grandeur de l’être humain, est loin d’être abrégée en une petite lacune affichée ou à une quelconque erreur commise, à un instant ou à un autre de notre vie active. C’est la raison pour laquelle, tout chef de projet doit reconsidérer sa manière d’interpréter ou de percevoir les événements.
En fait, en gestion de projet, l’erreur et le risque font partie du travail. L’erreur, autant que le risque, doit être perçue comme un véritable appel à reconsidérer sa manière de décider et d’agir. D’où l’impératif d’un supplément de formation ou de demande de conseil à autrui. Et à plus forte raison à un expert en gestion de projet.
Autant une hirondelle ne fait pas le printemps, autant le chef de projet, quel que soit son niveau d’expertise, ne peut réussir seul et ne peut réussir tout le temps et à tous les coups.
2) Eviter de se comparer à autrui
Se comparer à autrui c’est en quelque sorte comparer l’incomparable.
Les choses ne sont pas forcément les mêmes en termes de points de vue, de background, de réflexion, de comportement, de contexte de travail et du moment d’action. Tout cela fausse à coup sûr le processus de comparaison.
Néanmoins, la comparaison doit se faire en prenant en considération :
- Les objectifs smart qui requièrent la spécificité de la personne et de son contexte
- L’ambition mesurée
- Le réalisme de l’objectif lui-même
- Le lien évident des attentes à un repère-temps bien défini
En principe, un chef de projet doit orienter le débat vers les objectifs à atteindre qui sont spécifiques à chaque projet, liés au niveau d’expérience et d’expertise de tous les membres de l’équipe et en relation sine qua none avec les ressources disponibles.
Il n’y a pas lieu de se comparer aux autres. Si les grandes lignes du travail sont théoriquement communes, les apports personnels différent, qu’il s’agisse de ceux du chef de projet ou de ceux des équipes et des parties prenantes du projet.
3) Revoir son système de croyances
Parvenir à saisir et comprendre que nos croyances ne sont pas des évidences absolues. Ce qui est considéré aujourd’hui comme une réalité n’est pas forcément le cas demain.
La croyance est en relation étroite avec l’angle de vue choisie. Une fois, notre perspective de vue change, la modification ou à la limite la relativisation de nos croyances peut voir le jour. Et de nouvelles normes peuvent s’installer.
Pour mieux connaitre et bien gérer son système de croyance, le chef de projet est appelé à faire son SWOT personnel en vue d’étudier profondément ses croyances stimulantes et celles dites limitantes. Chose qui l’aidera efficacement dans le processus de nettoyage mental et affectif de son dispositif de croyances. Ainsi, il saura sauvegarder et maximiser les bonnes et minimiser ou chasser les mauvaises.
4) Apprivoiser ses peurs
Emettre un sentiment d’effroi à l’égard d’un travail ou d'un projet que nous avons à entamer est tout-à-fait naturel et concevable en début de besogne.
En revanche, le fait d'en faire une montagne infranchissable ou un obstacle intraversable relève de la pure fiction au regard d’innombrables progrès réalisés par des humbles personnes comme vous et moi.
L’évidence actuelle est résumée par l’adage suivant : " If it works for them it can work for you" qui stipule que si ça a marché pour les autres, ça peut donc fonctionner aussi pour moi.
Alors, arrêtons de surdimensionner nos peurs et en faire une grosse tache d’huile. Au lieu de cela, le chef de projet, se présumant imposteur, doit considérer ses craintes comme des éléments incitateurs à aller de l’avant et à challenger ses aptitudes et compétences.
C'est dans ce contexte que la connaissance de ses propres niveaux de stress devient essentielle. En mode projet, le chef de projet doit être capable d'identifier les signes de stress, de comprendre ses déclencheurs et de développer des stratégies d'adaptation efficaces.
Cela peut inclure des techniques de gestion du temps, des exercices de relaxation, des activités physiques, ou même une aide professionnelle si nécessaire.
5) Apprendre de l’échec
L’échec fait partie du jeu, du travail et de la vie. Tout compte fait l’échec, tout comme le succès, n’est qu’un résultat d’un long chemin parcouru.
Il s’agit d’une espèce d’apprentissage nécessaire à la poursuite du voyage, du jeu voire du projet…Il s’inscrit dès lors dans le moyen et le long terme.
C’est une sorte de signal d’alarme appelant le chef de projet à s’améliorer et à faire les choses autrement dans l’optique d’une meilleure continuation et persistance dans l’œuvre, l’action ou le projet…
L’échec d’aujourd’hui, si bien analysé, représente dans une certaine mesure, le levier de développement de gestion de projet, de demain.
6) S'affirmer
Il s’agit d’un comportement qui habilite l’individu à agir au mieux de son intérêt et à faire valoir sa façon de penser, sans puiser dans l’excès. C’est une manière légitime d’exercer ses propres droits sans pour autant porter préjudice aux droits d’autrui. En parallèle, il s’agit également d’écouter et respecter le point de vue de l’autre partie.
L’affirmation de soi, intitulée aussi assertivité, n’est pas une aptitude. Elle est plutôt un mode de vie équitable en entreprise, en gestion de projet et en société. C’est un comportement, une ligne directrice et un axe de conduite qu’on apprend et qu’on développe en tant que chef de projet.
Il s’agit pour le chef de projet d’opter pour l’équation mathématique suivante :
- 1 + 1 = 2, c’est-à-dire : ensemble, nous gagnons énormément. Ce qui signifie qu’il faut s’inscrire dans un processus de travail d’équipe, de collaboration étroite avec toutes les parties prenantes au projet et dans le fait de faire contribuer tous les membres de l’équipe à toutes les étapes du projet
Il est question aussi de laisser tomber les 3 équations suivantes :
- +1 - 1 = 0, c’est-à-dire : je te laisse gagner, j’essuie de la perte. A ce moment-là, le bilan est nul. Il y a de l’injustice flagrante signant un comportement de soumission inadmissible. C’est le cas quand le chef de projet s’éclipse et laisse tout le soin de gestion du projet à ses collaborateurs et/ou aux autres acteurs du projet. Dans ce cadre, le risque d’aller à sa propre perte est énorme
- -1 + 1 = 0 qui signifie : je te fais perdre, je gagne. Là encore, le bilan est nul. Il y a iniquité claire et nette qui sonne un véritable comportement de manipulation. Le meilleur exemple, c’est quand le chef de projet s’accapare à lui seul la quasi-totalité du projet et fait l’oreille sourde à toute suggestion ou contribution pouvant venir des membres de son équipe ou des parties prenantes du projet
- -1 -1 = -2 c’est dire que tout le monde s’enfonce et va à sa propre perte. Après moi, le déluge ! C’est quand le chef de projet fait tout incendier. Pas de communication, pas de négociation, pas de compromis et donc pas de collaboration. Et là, tout le monde est perdant dans l’affaire
7) Développer sa confiance en soi
Ça se construit autour d’une véritable connaissance de soi. Etablir un swot personnel permet au chef de projet de bien identifier ses atouts et forces et également de mettre la main sur ses insuffisances et dysfonctionnements. Les qualités du chef de projet sont donc essentielles dans cette démarche d'auto-évaluation.
Le plan d’action qui en résulte l’autorise à mettre en valeur ses aptitudes et compétences et en parallèle à corriger progressivement ses faiblesses et limites. Ainsi, le chef de projet « dupeur » va apprendre à mieux s’accepter et à percevoir positivement ses atouts et performances.
En outre, l'organisation structurée du travail peut s'avérer être une solution particulièrement efficace. En mode projet, cela implique d'identifier clairement les tâches à réaliser, d'établir un calendrier réaliste, de définir des objectifs mesurables et d'assurer un suivi régulier des progrès.
Par ailleurs, il sera plus disposé à s’inscrire dans une spirale d’apprentissage et d’amélioration dans l’objectif de s’acquitter de ses faiblesses et insuffisances. Petit à petit, et tout en ressentant de la progression, le chef de projet se voit doter de plus en plus de confiance en lui-même et en ses compétences.
8) S'autosuggérer
Se répéter chaque jour des phrases affirmatives et des suggestions positives change positivement l’image qu’on se fait de soi.
Dire et se répéter plusieurs fois par jour des phrases comme :
" J’ai confiance en moi ".
" Oui. Je peux le faire ".
Cela ne fera que renforcer l’estime de soi et la confiance en ses atouts et compétences.
9) Apprendre à célébrer ses succès
Il est fort légitime de s’apprécier quand c’est le cas de le faire.
Apprendre à se reconnaitre, à valoriser ses performances et à fêter ses réussites et exploits, aussi minimes qu’ils soient, est un comportement louable et vivement conseillé afin d’accentuer la confiance en soi et d’accroitre l’estime de sa propre personne.
Dans ce contexte, le retour d'expérience projet (ou "post-mortem" de projet) est une autre solution très efficace. Après la fin d'un projet, le chef de projet et son équipe se réunissent pour discuter de ce qui a bien fonctionné, de ce qui aurait pu être amélioré, et des leçons apprises.
Conclusion
Dans cet article, nous avons souligné ce qu’est le syndrome de l'imposteur. Nous avons mis en avant sa gravité qui réside dans sa plus grande fréquence en milieu de travail et en gestion de projet, et également dans les gros risques auxquels il peut donner lieu, si non reconnu et jugulé.
Nous en avons défini les causses et les variétés et nous avons traité des stratégies gagnantes à suivre dans l’objectif d’y faire face et d’y mettre un terme, une bonne fois pour toutes.
Chers chefs de projet, pour terminer, voilà un exemple de phrases qui disparaitront dorénavant et à jamais, je l’espère de tout mon cœur, de votre vocabulaire quotidien :
"C’est du pur hasard, rien de plus! "
"Je suis loin d’être la bonne personne pour le projet en question. "
"J’aurais vraiment dû faire mieux en matière de gestion de ce projet. "
merci beaucoup pour cet article je l’ai trouvé tres édifiant et un peu descriptif de ma vie
Avec plaisir, merci pour ce témoignage 🙂