L’IA, opportunité ou menace ? C’est probablement l’une des questions que vous vous posez depuis un moment.
Nous aborderons dans cet article les deux facettes de ce risque qui touche de plus en plus nos projets et nous diversifierons les approches pour ne pas analyser l’IA uniquement sous l’angle technique.
Les opportunités de l’IA
En tant que responsable de projet, vous avez la responsabilité d’assurer une veille à 360° autour de votre projet pour garantir une meilleure gestion des risques.
Si vous la faites déjà, je suis sûr que, depuis au moins trois ans, votre radar n’a pas pu rater un gigantesque iceberg nommé « Intelligence Artificielle ».
Je parle bien d’un iceberg et nous allons découvrir certains des risques qu’il cache en dessous.
1) Automatisation des tâches
L’opportunité la plus apparente de l’IA est certainement le fait que cet outil révolutionnaire permet d’aider les équipes de projet à gagner en rapidité et en efficacité.
Ceci libére plus de mains pour faire fonctionner plus de cerveaux.
Sans oublier que cela fait gagner aux projets un temps énorme et permet aux équipes de se focaliser sur les tâches à grande valeur ajoutée.
Cette automatisation des tâches répétitives améliore les délais de traitement, ce qui veut dire moins de ressources gaspillées.
La qualité des livrables aussi s’améliore grâce à la précision qu’offre l’IA, ce qui veut dire moins de coûts.
Et même si cela nécessite un certain investissement au début, l’IA permet au projet de faire des gains financiers considérables sur le moyen et long terme.
2) Optimisation de l’utilisation des ressources
Si l’IA permet une amélioration de l’efficacité de l’équipe, elle permet aussi une optimisation de l’utilisation des ressources sur le projet.
De grandes entreprises à l’instar de Samsung et Booking.com ont opté pour des solutions comme proposées par ClickUp.
Par son produit nommé « ClickUp Brain », cette entreprise propose le premier réseau de neurones au monde qui permet de connecter les projets, les documents, les personnes et tout le savoir de votre entreprise à l’aide de l’IA.
Imaginez un projet où la planification, l’allocation et le suivi des ressources humaines n’est plus un casse-tête chronophage et complexe.
Cela libérera plus de temps pour le chef de projet et lui donnera l’opportunité de gérer efficacement l’équipe projet.
Il mettra la bonne ressource, avec les compétences adéquates, au bon endroit et au bon moment.
3) Optimisation des processus de création de la valeur
En intégrant votre projet, vous êtes normalement censés dérouler, avec différents acteurs, certains processus qui se poursuivent, qui se chevauchent ou qui traversent différentes phases du projet.
Cependant, vous savez bien qu’en gestion de projet, la gestion des portes de phases et des interfaces est porteuse de beaucoup de difficultés.
L'IA, en optimisant vos processus clés de manière intégrée, peut réduire les frictions organisationnelles inutiles.
Elle permet également de gagner un temps précieux sur les tâches les plus complexes.
4) Maîtrise assistée par l’IA
L’un des avantages de l’IA est sa capacité à traiter de très grands volumes de données en peu de temps.
Ceci est une opportunité pour les chefs de projet qui gèrent des projets de grande taille et qui doivent, à la fois, entretenir et exploiter les tableaux de bord qu’ils ont construits.
L’IA pourrait être un allié du chef de projet pour lui faire éviter les biais d’interprétation dans lesquels il pourrait tomber en exploitant son tableau de bord.
De plus, elle pourrait casser cette incapacité humaine à lisser la périodicité des processus de maîtrise pour en faire des processus presque continus dans le temps.
Ainsi, les tableaux de bord passeraient des cadences de mise-à-jour hebdomadaires à des cadences beaucoup plus discrètes.
5) Prévisions et tendances tacites
En plus d’éliminer les biais d’interprétation, l’IA aiderait aussi à sortir les tendances tacites dans les différents aspects du projet.
Identifier les évolutions alarmantes des chemins quasi-critiques pour éviter des surprises fâcheuses sur le planning en est un exemple.
Effectuer des analyses Monte-Carlo plus élaborées en est aussi un exemple intéressant.
Surtout, si on intègre l’historique des projets antécédents dans la base de données servant à alimenter le modèle de calcul.
Ainsi, l’on pourrait bénéficier pleinement des leçons apprises dans le passé sans devoir faire appel à plusieurs experts en même temps.
Un dernier exemple pourrait être la construction des scénarios, des prévisions sur le reste à faire afin d’assurer un atterrissage plus sûr au projet et d'éviter les échecs qui semblaient jusqu'à présent inévitables.
Pourtant, avec toutes ces opportunités et toutes ces solutions technologiques de pointe, certains projets échouent toujours.
Pourquoi ?
C’est justement parce que derrière toute opportunité se cache une menace.
Découvrez dans cet article 3 Compétences du chef de projet que l’IA ne peut remplacer.
Les risques de l’IA : la partie submergée de l’iceberg !
En tant que chefs de projet, je suis sûr que vous avez déjà pensé à la question :
« Serions-nous un jour remplacés par l’IA ? ».
Pour l’instant présent, je pense que ce n’est pas là la question prioritaire.
Il y a bien d’autres menaces qui guettent votre projet et en voici quelques-unes.
1) La donnée et sa chaîne d’approvisionnement
Étant donné que l’IA se base sur la donnée, plusieurs menaces proviennent justement des données que votre projet utiliserait.
Si les données utilisées dans vos projets ne sont ni exactes, ni complètes, ni fiables, les résultats et décisions qui en découleront pourraient représenter une menace pour votre projet.
Vous aurez de fausses analyses, de mauvaises décisions et peut-être un projet en échec.
Mais encore, supposons que vos données sont intègres, si la continuité du flux de ces données n’est pas assurée dans une certaine mesure, vous perdrez l’avantage que vous confère l’IA.
Vous aurez de beaux graphiques, des courbes parfaites et des indicateurs très bien suivis, mais tous seront tronqués au moment de la rupture du flux de données.
Rappelez-vous toujours que la technologie se nourrit de données, si vous la nourrissez mal, elle ne vous servira plus à grand-chose.
2) Gestion des données et intégration de projet
L’une des menaces de l'intelligence artificielle, c’est le manque de formations conférées à l’équipe afin d’utiliser cette technologie à bon escient.
L’équipe projet pourrait se retrouver dans un état d’immaturité technique et par conséquent dans l’incapacité d’utiliser les outils censés les aider à prendre les bonnes décisions.
Une autre menace est le fait de s’engager dans l’utilisation de l’IA sans accompagner cette démarche par une vérification de la compatibilité de l’environnement technologique interne du projet avec les prérequis de l’IA.
Ce serait alors engager des dépenses avec peu ou sans retour sur investissement.
Une dernière menace dans ce volet est le fait d’aller à deux vitesses différentes en interne et en externe de votre projet.
Soit, vous optez pour l’utilisation de l’IA, mais votre client ne le fait pas et donc vous aurez à gérer son inertie.
Ou bien le cas contraire, vous aurez à courir à une vitesse qui vous dépasse.
3) Confidentialité et cybersécurité
L’un des aspects les plus risqués de l’IA est bien la question de la confidentialité des données.
Notamment dans les projets qui manipulent des informations personnelles de milliers d’individus ou des données très sensibles relatives à la sécurité des personnes et/ou des États.
La menace de la cybersécurité guette toute application de l’IA vu les quantités énormes de données utilisées.
Ces données qui rendent cette dernière la cible préférée des attaques malveillantes qui peuvent mettre en danger tout le projet, voire toute l’organisation.
Le risque de la cybersécurité est bel et bien un risque omniprésent pour les projets qui deviennent de plus en plus dépendants aux outils de l’IA.
Les attaques de phishing, malwares et autres tentatives malveillantes se comptent quotidiennement pour certaines entreprises en milliers.
Ceci exige des chefs de projet un certain effort pour rester en état d’alerte et encourager leurs équipes à l’être aussi.
Mais, à vrai dire, cet effort de construction de la cyber-résilience des projets concerne plus et surtout le top-management.
Splunk, entreprise américaine qui produit des logiciels de recherche, a publié, dans son rapport The State of Security 2023, que seulement 31% des entreprises ont une approche formelle de la cyber-résilience instituée à l’échelle de l’organisation.
Cela veut dire que les projets des 69% restantes courent des cyber-risques.
4) Dépendance aux ressources
Comme toute autre technologie, l’IA, à travers ses composants intrinsèques, expose les projets qui l’utilisent à un risque de dépendance aux ressources.
Le premier type de dépendance est celui relatif aux équipements informatiques nécessaires à l’utilisation de l’IA au sein du projet.
La deuxième dépendance est celle relative aux équipes compétentes dans le domaine de l’IA et nous commençons déjà de voir certains métiers devenir assez indépendants et définissables comme le « Prompting ».
Deux autres dépendances menacent les projets, mais de l’extérieur.
La première est pour les ressources logicielles comme les applications de l’IA commercialisées par certaines boîtes spécialisées.
Cela expose le projet à un risque qu’il ne peut maîtriser ni caractériser avec précision, d’où sa gravité.
La deuxième dépendance est pour les services numériques externalisés nécessaires à l’utilisation de l’IA, notamment les services du Cloud.
5) Évolution des technologies et gestion du changement
L’IA étant une technologie qui va modifier les modes de travail des équipes projet, il y a bien là un besoin de gérer ce grand changement.
Le fait de libérer les gens des activités chronophages pour leur demander de se focaliser sur les tâches à grande valeur ajoutée est une demande de changer même son rapport au travail.
C’est certain que les chefs de projets auront quelques réticences à gérer.
Et c’est bel et bien une menace à gérer avec de l’accompagnement et du coaching.
Pourtant, le changement n’a pas qu’une facette psychosociale.
Il a un côté très critique qui n’est autre que l’aspect réglementaire et normatif.
Avec la démocratisation de l’IA, des lois et des normes ont vu et verront le jour.
Par exemple, le Parlement Européen a déjà adopté une loi sur l'intelligence artificielle en mars 2024 et nous avons l’ISO/IEC 42001 dédiée aux (SMIA) systèmes de management de l’intelligence artificielle.
Ne pas accompagner ses équipes projet avec la sensibilisation et les formations nécessaires serait littéralement condamner son projet à un échec presque certain.
Conclusion
L’IA, qu’elle soit une évolution ou bien une révolution, comporte son lot de risques. Sauf que dans notre ère où tout va trop vite, l’humain en tant qu’élément central des projets, souffre bien d’une cécité face à ce nouveau risque qui comporte des menaces déguisées en opportunités et vice-versa.
L’IA est à la fois une opportunité et une menace selon le projet, l’environnement technico-réglementaire, l’utilisation, les données qu’elle manipule, les parties concernées, les enjeux engagés et la proportion du projet qu’elle touche. Alors, aux chefs de projet d’ajuster leurs approches pour accueillir cette disruption.
Ressource complémentaire :
- Repenser le management de projet pour un avenir durable, éditions AFNOR